juin 15, 2023
L’aéroport de Buttonville annonce sa fermeture définitive
Jon Robinson
Le journaliste aéronautique et pilote Phil Lightstone volant vers l’aéroport municipal Toronto/Buttonville. (Photo : Phil Lightstone)
― Par Phil Lightstone
Le 31 mai 2023, la direction de l’aéroport municipal de Toronto/Buttonville (CYKZ) a annoncé que l’aéroport fermera définitivement ses portes à partir du 30 novembre 2023. Situé à la jonction des autoroutes 404, 407 et 7, l’aéroport de Buttonville est exploité à titre d’aérodrome privé depuis l’ouverture d’une première piste gazonnée par Fred Gilles en 1953. CYKZ a été officiellement reconnu comme aéroport en 1963.
Actuellement, l’aéroport de Buttonville se concentre surtout sur les activités commerciales, d’aviation générale (AG) et d’aviation d’affaires (AA). En fait, Buttonville est particulièrement adaptée pour l’AG, accueillant notamment les activités de l’aéroclub de Buttonville (COPA Flight 44).
En 2009, la famille Sifton, propriétaire de l’aéroport, a annoncé son intention de réaménager le terrain de l’aéroport pour un usage mixte incluant des projets résidentiels, commerciaux et de vente au détail. En 2010, les terrains de l’aéroport sont passés aux mains d’une coentreprise immobilière. Depuis, les locataires de l’aéroport vivent dans l’incertitude, l’entreprise ayant annoncé, puis reporté ses plans de fermeture à une date indéterminée.
Suite aux améliorations apportées à l’aéroport par la direction en 2023, plusieurs ont cru que fermeture de l’aéroport attendrait encore trois à cinq ans. Sans être une surprise totale, l’annonce d’une date de fermeture ferme était donc inattendue.
Cette fermeture n’affecte pas uniquement les propriétaires qui stationnent leurs appareils à CYKZ. De grands locataires comme Canadian Flyers (une école de pilotage), le service aérien de la police régionale de York et des ateliers d’entretien comme Air Partners, Aviation Unlimited et Leggat’s devront prendre des décisions difficiles au cours des prochaines semaines.
Suite à la première annonce de fermeture, Aviation Unlimited a construit un grand hangar à l’aéroport municipal d’Oshawa afin d’y déplacer ses ventes, son hangar d’avions et ses ressources administratives. Les aéronefs itinérants qui se rendent à Buttonville pour des réunions d’affaires, des vacances, du tourisme et d’autres activités commerciales devront ajuster leurs plans vers d’autres aéroports de la région du Grand Toronto.
L’exploitant de l’aéroport de Buttonville, TorontoAir Inc., aurait actuellement au moins 178 contrats de location en vigueur. Certains contrats concernent plusieurs avions, comme celui de l’école de pilotage qui exploite 10 avions. On estime qu’il pourrait y avoir au moins 300 avions à Buttonville. Le rapport Impacts économiques de l’aviation générale au Canada (2017) révèle qu’au Canada, un aéronef d’aviation générale vole en moyenne 21 heures par année.
Compte tenu du phénomène du vieillissement au sein de la communauté des pilotes, cette fermeture risque de pousser plusieurs propriétaires/pilotes d’aéronefs à vendre leurs appareils. Certains avancent que la proportion d’appareils mis en vente pourrait atteindre 20 %. On compte sept aéroports situés à moins d’une heure de route de CYKZ (CYYZ, CYTZ, CYOO, CNC3, CZBA, CLA4 et CPB9). Une recherche rapide nous a permis de constater que plusieurs hangars et points d’arrimage y sont encore disponibles. À CYTZ, un hangar chauffé pour un avion de la taille d’un Piper Cherokee coûte 1 750 $ par mois, plus le stationnement automobile (250 $ par mois), les frais d’atterrissage et les taxes. À CYKZ, ce même Piper Cherokee pouvait être entreposé dans un hangar réfrigéré pour 650 $ par mois. Il n’y a pas de hangar réfrigéré offert à CYTZ.
« Les aéroports d’aviation générale comme Buttonville sont un moteur de réussite économique pour la région et le Canada en général », a déclaré Mark van Berkel, président et chef de la direction de l’Association canadienne des propriétaires et pilotes d’aéronefs (COPA). « Je crois que la population ne réalise pas l’impact qu’un aéroport comme Buttonville peut avoir sur l’emploi et l’économie d’une région. Cela m’attriste d’assister à la fermeture d’un autre aéroport, c’est une partie de quelque chose de formidable qui disparait. »
Seul le temps nous dira quel sera l’impact de cette annonce sur la communauté aéronautique du Grand Toronto. Assisterons-nous à un exode massif d’avions vers les États-Unis ou d’autres régions du Canada? Cadillac Fairview reportera-t-elle la fermeture du 30 novembre jusqu’aux premières pelletées de terre pour développer les terrains pour l’industrie légère et la vente au détail? Plusieurs pilotes conservent un mince espoir, tout en se préparant au pire.