septembre 12, 2019

Balises de détresse : il est temps de penser différemment

admincopa

Le texte suivant est un éditorial du président et chef de la direction de la COPA, Bernard Gervais, paru dans le journal montréalais La Presse le 30 juillet 2019 après qu’une série d’aéronefs se sont écrasés sans que l’ELT n’ait été activée. Comme cela continue de poser problème, comme en témoigne le récent crash d’un Cessna 172 lors d’un vol Mirabel vers Sherbrooke, nous avons décidé de le publier à l’échelle nationale dans infoLettre. – Ed.

À la suite de l’accident tragique qui a coûté la vie au président de Savoura, Stéphane Roy, et à son fils Justin, les balises de détresse ont fait l’objet de nombreux articles. Leur fiabilité a notamment été remise en question. Qu’en est-il ?

Ces balises sont obligatoires et doivent être installées dans les aéronefs, selon le Règlement de l’aviation canadien, mais elles ne s’activent pas toujours. En fait, les chiffres montrent une activation de 62 %, moins de deux fois sur trois. Ainsi, plusieurs pilotes se dotent de balises personnelles – qu’ils portent sur eux ou dans l’avion – ou d’appareils qui envoient un signal par satellite à intervalles réguliers que leurs proches peuvent suivre.

Mais au-delà de ça, les normes internationales de l’OACI demandent une technologie qui s’active automatiquement et indépendamment du pilote en cas de pépin. Les radiobalises de repérage d’urgence (ELT) telles qu’on les connaît sont dépassées. Nous en avons eu encore une fois la preuve avec l’accident de M. Roy, comme plusieurs fois chaque année au Canada.

Pendant plusieurs années, ces ELT émettaient sur la fréquence de 121,5 MHz avec ses limites. Depuis 2009, une nouvelle fréquence (406 MHz) permet d’émettre plus d’informations et offre plus de précision quant à la position, mais c’est toujours la même technologie dépassée d’un accéléromètre mécanique (G-Switch) qui active la balise, jumelé à une antenne qui, si elle se détache ou si elle se brise à l’impact, ne peut émettre de signal. Et si l’aéronef se trouve dans l’eau, la balise ne s’active pas du tout.

À la recherche de solutions

L’Association canadienne des pilotes et propriétaires d’aéronefs (COPA) travaille de concert avec NAV CANADA à chercher une solution « non embarquée », une solution satellitaire de suivi. Faute d’une meilleure technologie, pour répondre aux normes internationales et comme responsabilité envers ses citoyens, le gouvernement fédéral propose de continuer sur cette voie que nous trouvons défaillante, soit d’obliger tous les aéronefs à remplacer leur ELT par cette nouvelle fréquence. Il est temps de penser différemment et de chercher d’autres solutions, comme celle de l’ADS-B satellitaire. La COPA recommande de poursuivre dans cette voie beaucoup plus fiable.

Le 2 juillet dernier, dans un contexte réglementaire sur les ELT, la COPA a fait connaître ses principales recommandations :

  1. Que le gouvernement du Canada améliore la sécurité des aéronefs de l’aviation commerciale et de l’aviation générale par l’installation d’une technologie axée sur la performance et totalement affranchie des procédés mécaniques désuets, de la position de l’appareil en détresse une fois immobilisé ou de la capacité du système ELT de survivre intégralement à un écrasement ;
  2. Qu’il joue un rôle de chef de file dans le développement de normes d’alerte incluant la diffusion périodique de la position de l’aéronef, de même que la possibilité de détecter un accident, même si l’émetteur d’urgence a été désactivé dans l’écrasement ;
  3. Que le gouvernement canadien exerce un leadership dans le développement des fonctionnalités de localisation et d’alerte automatique par le recours aux méthodes de navigation par satellite et notamment par l’ADS-B ;
  4. Et qu’il assemble un forum regroupant des spécialistes de l’industrie, des technologies et des conseils de recherche pour trouver une solution concrète à la question principale soulevée plus haut, et ce, de concert avec Aireon et NAV CANADA.

Cette nouvelle technologie satellitaire a déjà permis à Transports Canada d’analyser le profil des vols tragiques des Boeing 737 MAX 8 plus tôt cette année pour les bannir du ciel canadien. La capacité est là pour en faire usage dans un rôle de recherche et de sauvetage. Espérons qu’il ne se passera plus jamais que quelques minutes avant de retrouver des êtres chers et non des jours, des semaines ou même jamais.