février 24, 2022

Un projet aérien ramène des aînés Tahltans sur leurs terres natales isolées

Jon Robinson

Le projet d’entrevues aériennes d’aînés fait partie d’un exercice de collecte de souvenirs mené par le gouvernement central Tahltan (GCT) pour vérifier les informations dont il dispose dans ses archives datant des années 1980. (Photo : Adam Amir, GCT)

― Par Binny Paul, journaliste à l’Initiative de journalisme local, Terrace Standard

Grâce à des visites héliportées, de nombreux Autochtones ont eu et auront la chance de revoir les terres éloignées de leur enfance dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique.

L’aînée Tahltan, Verna Callbreath, n’avait jamais imaginé qu’elle reverrait un jour sa terre natale et sa maison d’enfance. Néanmoins, c’est bien ce qui s’est produit l’été dernier lorsqu’un hélicoptère à bord duquel elle se trouvait a survolé à basse altitude la cabane isolée de ses parents, construite dans une région inaccessible du territoire tahltan au nord-ouest de la Colombie-Britannique.

De toute évidence délabrée et envahie par la végétation qui a repris sa place, cette cabane a rappelé à Mme Callbreath le jour où sa famille a dû la quitter en quête de nourriture et d’une vie meilleure lorsqu’elle était adolescente.

La dame, qui vit maintenant à Dawson Creek, faisait partie des 10 aînés Tahltans qui ont eu droit à un tour en hélicoptère pour rendre visite à cette région éloignée du territoire traditionnel qu’ils occupaient autrefois.

« Le projet d’entrevues aériennes d’aînés (Aerial Elder Interviews) fait partie d’un exercice de collecte de souvenirs mené par le gouvernement central Tahltan (GCT) pour vérifier les informations dont il dispose dans ses archives datant des années 1980 », a déclaré Sandra Marion, directrice du département de la Culture et du Patrimoine du GCT. « Nous demandons à nos aînés où ils sont nés et ont grandi. Le processus d’entrevue se fait de façon très respectueuse et au rythme de la personne interviewée, afin d’éviter que cette dernière ait l’impression de subir un interrogatoire, ce qui n’est évidemment pas notre intention. »

Mme Marion précise que ce sont les aînés qui décident ce qu’ils veulent donner comme information à l’équipe, surtout que ces partages soulèvent parfois de l’émotion. L’équipe de Mme Marion a collaboré avec des analystes de systèmes d’information géographique (SIG) et s’est appuyée sur des archives pour faire correspondre certains lieux qui ne portent pas le même nom aujourd’hui ou qui n’apparaissent pas sur Google Maps.

Par exemple, lorsque Mme Callbreath a mentionné qu’elle vivait à côté de Fish Lake, la recherche de l’équipe a conduit à trois ou quatre endroits portant ce nom. Après avoir comparé ses renseignements à ceux obtenus lors d’entrevues orales avec d’autres aînés, une zone près de Prairie Lake semblait la mieux correspondre à la description.

« Nous avons installé Mme Callbreath à bord de l’hélicoptère avec sa petite-fille en lui précisant que si elle ne reconnaissait pas l’endroit, nous le découvririons autrement », a souligné Mme Marion. Heureusement, Mme Callbreath a bien reconnu l’endroit.

« Le but du projet est d’établir une relation de travail avec les aînés et d’aller plus loin, en se basant sur des travaux antérieurs réalisés avec eux », a fait valoir Mme Marion.

« Ainsi, le projet vise en partie à remettre les aînés Tahltans en contact avec un territoire qu’ils n’ont pas revu ou visité depuis leur départ », a-t-elle renchéri. Cette démarche vient également confirmer la validité des renseignements existants sur les terres tahltans, lesquelles représentent environ 11 % du territoire de la Colombie-Britannique.

« À cet égard, nous consolidons notre histoire et la connaissance des différentes régions. Cela renforce le fait que nous avons toujours été ici sur notre territoire, utilisant et occupant la terre », a affirmé Mme Marion. Dans l’avenir, ces renseignements aideront le GCT à structurer les plans d’utilisation et de développement des terres.

L’équipe de Mme Marion a finalement pu lancer ce projet longuement attendu l’année dernière grâce à financement octroyé par la Tahltan Stewardship Initiative. Une pause a dû être faite après une augmentation des cas de COVID-19 observés dans la région, mais l’équipe à bien l’intention de poursuivre ses activités l’été prochain. « Nous espérons faire venir autant d’anciens que possible sur le territoire au cours de notre prochaine saison de vol », a conclu Mme Marion, ajoutant que les aînés Tahltans sont environ au nombre de 350 dans le pays.