janvier 12, 2022
Le BST émet une recommandation pour la surveillance des aéroports en réfection
Jon Robinson
Cette recommandation faite suite à l’enquête (A18Q0140) qui s’est penchée sur l’aspect sécurité lors d’une série de 18 événements survenus sur des pistes en réfection à certains aéroports du Québec et du Nunavut. L’objectif de cette recommandation, explique le BST, est de faire en sorte que les renseignements communiqués sur ces dangers soient mieux compris, en accord avec les mesures de surveillance réglementaires des aéroports en cours de réfection.
Les 18 événements examinés dans le cadre de l’enquête de sécurité ont eu lieu dans des aéroports en réfection au Québec et au Nunavut entre 2013 et 2018. Le BST a ouvert l’enquête après avoir examiné un incident survenu en juin 2018 sur une piste en cours de réfection à l’aéroport de Baie-Comeau. Il en est ressorti que 14 autres événements similaires étaient survenus dans d’autres aéroports du Québec.
Le BST indique que les événements examinés aux aéroports en cause dans l’enquête A18Q0140 se sont produits sur des pistes ayant vu leur largeur réduite pour accommoder les travaux (au lieu de leur longueur), afin de les maintenir opérationnelles. L’enquête a permis de déterminer que certains éléments pouvaient empêcher les pilotes de repérer clairement la partie ouverte de la piste. Voici certains de ces éléments : la méthode de construction choisie, les aides visuelles utilisées pendant les travaux et la manière dont les informations sur les travaux en cours à l’aéroport sont communiquées aux pilotes.
Selon le BST, certains de ces dangers résultent de la complexité de la réglementation, de l’absence de normes claires lors du démarrage de travaux dans les aéroports, ainsi que de la préparation et l’approbation des plans de réfection. L’enquête a également révélé que si le processus de planification des travaux à l’aéroport met trop l’accent sur les pressions économiques externes suggérant d’éviter de fermer la piste, cela augmente le risque que l’aspect sécurité ne soit pas considéré à sa juste valeur.
Le BST note qu’en l’absence de renseignements sur la méthode à utiliser pour la remise en état des pistes et sur les normes et pratiques recommandées, les décisions concernant les activités à l’aéroport pendant ses travaux de réfection incombent entièrement à son exploitant. Dans le cadre de l’enquête A18Q0140, le BST a déterminé que les plans d’exploitation durant les travaux de réfection avaient été approuvés par Transports Canada (TC) selon les procédures informelles, sans évaluer le risque que les pilotes puissent ne pas être en mesure de reconnaître ou de distinguer les parties fermées des pistes, et sans inclure de mesures de contrôle pour atténuer ce risque.
« Notre enquête a révélé un problème systémique important : l’absence de normes canadiennes ou la recommandation de pratiques officielles à suivre pendant les travaux de construction à un aéroport », a déclaré la présidente du BST, Kathy Fox. « Cette absence de normes de sécurité opérationnelle peut laisser les pilotes sans aides visuelles suffisantes pour distinguer clairement les parties fermées des pistes. »
L’enquête a également révélé des lacunes dans les systèmes de gestion de la sécurité (SGS) en place aux aéroports examinés. Malgré le fait que tous ces aéroports disposaient d’un SGS, ils ne s’avéraient pas efficaces pour gérer de manière proactive les risques associés à la réduction de la largeur de piste. Le BST poursuit en soulignant que les politiques et procédures de surveillance de TC ne faisaient pas l’objet d’un suivi de façon uniforme, et que certaines procédures clés touchant la surveillance n’étaient pas entièrement comprises par les inspecteurs de TC.
À la lumière de son enquête, le BST craint que si TC n’effectue pas une surveillance adéquate des aéroports canadiens, les risques d’accident liés aux opérations aériennes aux aéroports augmentent, en particulier lorsque ces aéroports font l’objet de travaux.
Le BST conclut également que lorsqu’un exploitant envisage d’effectuer des travaux à son aéroport, il doit communiquer les renseignements nécessaires aux pilotes au moyen d’un avis aux aviateurs (NOTAM) émis par NAV CANADA. À l’heure actuelle au Canada, les NOTAM ne peuvent pas inclure de graphiques et sont publiés sous forme de texte, dont le format et le style de présentation peuvent entraver la communication efficace de l’information. Ainsi, le BST mentionne que même si les pilotes avaient lu les NOTAM disponibles relatifs aux fermetures partielles des pistes, leur modèle mental était erroné et ils n’ont pas réussi à repérer où se trouvaient les parties fermées.
Sur la base des conclusions énoncées ci-dessus, le BST a recommandé (le 15 décembre 2021) que NAV CANADA rende disponibles, en temps opportun, des représentations graphiques illustrant les fermetures et autres importantes modifications relatives à l’exploitation des aérodromes ou des pistes pour accompagner les NOTAM connexes, afin que l’information communiquée sur ces dangers soit plus facile à comprendre (Recommandation A21-01).
(Photo : Adobestock)