octobre 20, 2022

Un type d’ici trouve un moyen original de recycler les vieux avions

Jon Robinson

Gerald Allin tient un actionneur d’avion destiné à devenir une lampe de lecture sur pied munie d’une ampoule à DEL. (Photo : Cory Bilyea)

Par Cory Bilyea, journaliste à l’Initiative de journalisme local, Wingham Advance Times

Un ancien avion, du temps libre et une imagination débordante font partie des raisons qui ont poussé Gerald Allin – propriétaire d’Allin Aircraft Maintenance – a créé des meubles et des articles d’extérieur uniques en leur genre.

M.  Allin gagne sa vie en faisant de l’entretien d’aéronefs. Il a récemment acheté une maison à côté de l’aéroport de Wingham qui avait assez de place pour y aménager un atelier. Il pouvait donc s’adonner plus facilement à son passe-temps favori.

« Comme je fais toutes sortes de travaux d’entretien ainsi que des modifications, réparations et restaurations d’aéronefs, j’ai accès à une foule de pièces en fin de vie utile : hélices, composants pneumatiques, hydrauliques et électriques, tôles intérieures, appareils de navigation électrique, et autres », a indiqué M. Allin. Il précise toutefois qu’il n’avait pas prévu de recycler ainsi les vieilles pièces des avions. C’est juste arrivé comme ça.

« On m’a demandé si je souhaitais démanteler un gros avion en fin de vie et à vendre ses pièces. Malheureusement, la COVID est arrivée et plus personne ne voulait de ces vieux avions, la nouvelle tendance voulant que les acheteurs se tournent vers des cellules plus écologiques et plus efficaces. Aux prises avec tous ces composants rendus inutiles, j’ai commencé à leur trouver de nouvelles vocations : des meubles ou autres choses. Ça demeure néanmoins un passe-temps, pas un travail à temps plein. »

M. Allin fait remarquer que même si le marché pour ces articles uniques est faible, il y a cependant une certaine demande. « C’est un marché à créneau limité. Plusieurs gens aiment les voir, mais pas souvent au point de les rapporter chez eux », a-t-il déclaré. « Dans un sens, c’est une bonne chose, car beaucoup de temps est nécessaire pour fabriquer et polir de telles conceptions. Elles ne peuvent donc pas être produites en gros volume. Un petit marché – de gens qui aiment vraiment ça – convient donc parfaitement. »

Les avions plus anciens, comme celui qu’Allin utilise, sont fabriqués en aluminium, lequel matériau peut facilement être réutilisé. Les avions plus récents, par contre, sont fabriqués à partir d’un matériau plus léger… mais qui finit malheureusement aux sites d’enfouissement à la fin de son cycle de vie, a expliqué M. Allin. « Les avions sont maintenant fabriqués en composites. Il s’agit de matériaux thermodurcissables, pas de thermoplastiques. Il existe fondamentalement deux types de composites : ceux qui peuvent être remodelés et reformés (plastique thermique) et ceux qui ne peuvent pas l’être (thermodurcissable). Une fois durcis, ces derniers matériaux ne peuvent plus changer de forme », a fait savoir M. Allin.

« Les fibres de carbone – comme celles dont est fabriqué le fuselage du Boeing 787 – ne sont pas recyclables, et doivent prendre la direction des rebuts en fin de vie. Par contre, presque toutes les pièces des avions plus anciens sont en aluminium, un matériau que je peux faire fondre et remanier à ma guise. Voilà les pièces que j’ai utilisées dans mes créations, lesquelles ont eu la chance de commencer une nouvelle vie sous une autre forme. »

M.  Allin fait valoir que la fibre de carbone permet d’économiser environ une tonne et demie de carburant à l’heure sur certains appareils, et ce, uniquement avec le poids retiré des composants du moteur (comparativement à un moteur au rendement similaire conçu 10 ans plus tôt). Certains nouveaux avions, comme le Max, sont cependant toujours fabriqués en aluminium. « En fait, si vous changez trop de composants, vous vous retrouvez avec un avion différent, et vous devez refaire une demande de certification. Dans le cas du Max, ils ont décidé de changer les moteurs et les bouts d’ailes, ainsi que quelques pièces rendues plus aérodynamiques. Ces changements ont permis de réaliser des économies substantielles : en moyenne entre 1,5 et 1,7 tonne de carburant à l’heure. » Airbus utilise également ces mêmes moteurs.

Se tenant debout au milieu de centaines de cadrans, de gadgets et de pièces d’avion démontées, M. Allin parle de ses projets, dont celui de concevoir une table de conférence avec une partie d’aile. « J’envisage de prendre les commandes de vol dans l’aile. Il y a de grands panneaux en bas. Je vais les enlever pour qu’on puisse voir tout le fonctionnement interne et la structure de l’aile. Je vais mettre une vitre sur le dessus et faire des pattes. J’ai aussi quelques portes que je veux transformer en tables basses ou en bureaux ainsi que quelques actionneurs qui pourraient revivre sous forme de lampe sur pied. »

M.  Allin a des idées pour presque toutes les parties de l’avion sur lequel il travaille, y compris les pneus, lesquels sont destinés à devenir des tables basses et des tables d’extrémité uniques en leur genre.

Nul doute que les possibilités sont infinies lorsque l’imagination et l’innovation sont mises à contribution. Allin Aircraft Maintenance tire parti de ces deux qualités pour lutter contre le gaspillage et offrir une deuxième chance aux vieux avions dans un créneau constructif et unique qui durera des années.